Signature électronique VS signature manuscrite : quelles différences juridiques ?
Depuis toujours, la signature est le symbole de l’engagement. Longtemps manuscrite, elle a peu à peu cédé du terrain à la signature électronique, portée par la transformation numérique. Si ces deux formes de signature poursuivent le même objectif — authentifier un document et engager son signataire — elles reposent sur des mécanismes très différents.
Mais alors, qu’en est-il de leur valeur juridique ? Une signature électronique est-elle aussi fiable qu’une signature manuscrite ? Décryptons ensemble leurs différences, leurs avantages et leurs limites.

La signature manuscrite : un pilier du droit des contrats
Qu’est-ce qu’une signature manuscrite ?
La signature manuscrite est le moyen traditionnel d’authentifier un document. Elle consiste à apposer, à la main et avec un stylo, un nom, un paraphe ou un signe distinctif sur un document papier. Cette action marque l’approbation et l’engagement du signataire.
Souvent, elle est accompagnée de mentions manuscrites comme « lu et approuvé », la date ou des initiales sur chaque page, renforçant ainsi son authenticité et son caractère irrévocable.
Quelle est la valeur juridique d’une signature manuscrite ?
En France, la signature manuscrite est encadrée par l’article 1367 du Code civil, qui précise :
« La signature nécessaire à la perfection d’un acte juridique identifie celui qui l’appose. Elle manifeste son consentement aux obligations qui découlent de cet acte. »
Ainsi, la signature manuscrite remplit une double fonction :
- Identification du signataire : elle établit un lien direct entre la personne et l’acte signé.
- Expression du consentement : elle atteste que le signataire accepte les termes du document.
Les conditions de validité
Pour être juridiquement valide, une signature manuscrite doit respecter trois critères essentiels :
- Être apposée par la personne concernée : elle ne peut être déléguée à un tiers sans procuration légale.
- Être rédigée à la main : une reproduction mécanique (photocopie, scan) ne vaut pas signature authentique.
- Résulter d’un acte volontaire : la signature doit être apposée en toute connaissance de cause et sans contrainte, afin de manifester un consentement réel.
En cas de litige, la validité d’une signature manuscrite peut être contestée via :
- Un désaveu formel, dans lequel le signataire conteste officiellement avoir signé l’acte.
- Une expertise graphologique, permettant d’analyser les caractéristiques de l’écriture.
Quelles sont les limites de la signature manuscrite ?
Bien que juridiquement fiable, la signature manuscrite présente des inconvénients :
- Risque de falsification : elle peut être imitée, ce qui peut conduire à des fraudes.
- Difficultés de conservation et d’archivage : le support papier peut se détériorer avec le temps et nécessite des espaces de stockage physiques.
- Incompatibilité avec la dématérialisation : à l’ère du numérique, la gestion physique des documents devient contraignante et incompatible avec les processus dématérialisés.
Attention à la signature scannée : une illusion de sécurité
Beaucoup pensent qu’un simple scan de leur signature manuscrite inséré dans un document numérique suffit à lui donner une valeur légale. En réalité, une signature scannée n’est pas une signature électronique et sa force probante est limitée.
Une signature scannée est une simple image. Elle peut être utilisée comme un commencement de preuve en justice si elle est accompagnée d’autres éléments (échanges de mails, contrats signés physiquement, etc.), mais elle ne garantit ni l’identité du signataire ni l’intégrité du document. Une personne malintentionnée peut facilement copier et apposer une signature scannée sur un autre document. De plus, une signature scannée ne protège pas contre les modifications. Contrairement à une signature électronique sécurisée, un document signé avec une signature scannée peut être modifié après coup sans que cela soit détectable.
Bien qu’une signature scannée ne soit pas systématiquement rejetée en cas de litige, elle reste contestable. Un juge pourrait l’accepter si aucun des signataires ne la remet en cause, mais en cas de contestation, elle ne bénéficie d’aucune présomption de fiabilité.
La signature électronique : un outil sécurisant
Qu’est-ce qu’une signature électronique ?
La signature électronique est l’équivalent numérique de la signature manuscrite, mais au lieu d’un simple tracé visuel, elle repose sur des mécanismes cryptographiques avancés. Son objectif ? Garantir l’authenticité du signataire et l’intégrité du document, tout en permettant une signature à distance, sans support papier. Grâce aux mécanismes de chiffrement, elle garantit à la fois :
- L’identification du signataire : la signature électronique est associée à une identité numérique certifiée.
- L’engagement irrévocable du signataire : une signature électronique valide ne peut pas être niée après apposition.
- L’inaltérabilité du document : toute modification ultérieure serait détectable, assurant ainsi son intégrité.
La signature électronique a-t-elle une valeur juridique ?
Oui, la signature électronique est reconnue par la loi ! En France et en Europe, la signature électronique est encadrée par :
- Le Code civil (articles 1366 et 1367) : qui explique qu’un document électronique signé a la même valeur probante qu’un document papier, à condition que l’identité du signataire et l’intégrité du document soient garanties. La signature électronique doit être créée par un procédé fiable garantissant le lien entre le signataire et l’acte signé. Ce procédé est présumé fiable s’il répond aux exigences du règlement européen eIDAS (UE 910/2014) et aux décrets français qui définissent les modalités techniques.
- Le règlement eIDAS (UE 910/2014) : en vigueur dans toute l’Union européenne, il impose des standards de sécurité et interdit de refuser une signature sous prétexte qu’elle est électronique.
La signature électronique garantit l’intégrité des documents
Un des grands atouts de la signature électronique est qu’elle assure l’intégrité du document signé. Contrairement à une signature manuscrite, qui ne protège pas contre des modifications ultérieures, une signature électronique repose sur un mécanisme cryptographique qui fige le contenu du document au moment de la signature.
Une fois apposée, toute modification du document invalide immédiatement la signature. Ce principe repose sur une empreinte numérique (hash), qui agit comme un sceau numérique :
- Toute modification du document après signature est détectable : même un simple changement de ponctuation ou d’espace briserait l’intégrité du fichier.
- L’authenticité du document est garantie : la signature électronique atteste que le document provient bien du signataire et qu’il n’a pas été altéré entre sa signature et sa consultation.
Grâce à cette propriété, la signature électronique offre une protection renforcée contre la falsification et les modifications frauduleuses, ce qui en fait un outil fiable et juridiquement opposable en cas de litige.
Quels sont les différents niveaux de signature électronique ?
Toutes les signatures électroniques ne se valent pas. La législation distingue trois niveaux de fiabilité et de sécurité :
- Signature électronique simple : Elle associe le signataire à l’acte mais sans garantie réelle de son identité et elle ne permet pas de garantir la non-répudiation du document. Elle convient aux documents à faible enjeu juridique, sans obligation légale et peut se limiter à cocher une case, saisir un mot de passe ou un code.
- Signature électronique avancée : Elle est liée de manière unique au signataire, protégée contre toute modification ultérieure et repose sur un certificat numérique sécurisé délivré par un prestataire de confiance. Son utilisation implique des procédés d’identification renforcés comme un mot de passe unique, un code envoyé par SMS ou un certificat numérique.
- Signature électronique qualifiée : C’est le niveau le plus élevé. Elle nécessite un certificat qualifié délivré par un prestataire de confiance qualifié et doit être créée avec un dispositif de signature certifié (ex : clé cryptographique). Il permet de s’assurer de façon fiable de l’identité du signataire. Seule la signature qualifiée bénéficie d’une présomption légale de fiabilité qui induit un renversement de la charge de preuve : en cas de litige, c’est à l’autre partie de prouver son invalidité, et non à son utilisateur de démontrer sa validité. Elle est également la seule reconnue dans tous les Etats membres de l’Union Européenne.
Selon le décret n° 2017-1416 du 28 septembre 2017 relatif à la signature électronique, seul le niveau le plus élevé (la signature électronique qualifiée) bénéficie de la même valeur juridique que la signature manuscrite.
Dans le secteur public français, le Référentiel Général de Sécurité (RGS V2.0) classe les signatures électroniques en trois niveaux de sécurité (une à trois étoiles). Seul le niveau trois étoiles est présumé équivalent à une signature électronique qualifiée selon le règlement eIDAS.
Cependant, il est essentiel de ne pas confondre ces deux cadres réglementaires : une signature conforme au RGS ne garantit pas automatiquement sa conformité au règlement eIDAS, et inversement. Le RGS définit des exigences spécifiques aux administrations françaises, tandis que l’eIDAS fixe un cadre commun à toute l’Union européenne. Il est donc crucial de s’assurer que le certificat de signature utilisé répond aux deux réglementations si nécessaire.

Toutes les signatures électroniques ne se valent pas. Si les signatures qualifiées offrent un niveau de sécurité optimal, certaines pratiques courantes, comme la signature graphique sur écran peuvent induire un faux sentiment de fiabilité.
La signature graphique sur écran : une alternative peu fiable
La signature graphique sur écran désigne un tracé effectué sur un écran tactile (tablette, smartphone). Bien qu’elle ait un aspect visuel rassurant, elle ne garantit pas automatiquement l’identité du signataire ni l’intégrité du document signé.
Contrairement aux signatures électroniques sécurisées, une signature graphique sur écran n’établit pas de lien cryptographique avec le document. Cela signifie qu’aucune garantie n’existe sur d’éventuelles modifications après la signature.
De plus, l’identification du signataire reste incertaine, sauf si elle est couplée à un processus d’authentification robuste (certificat numérique, mot de passe à usage unique, biométrie). Dans le cas contraire, elle peut être contestée en cas de litige.
Toutefois, lorsqu’elle est couplée à des données biométriques (pression, vitesse du tracé) et intégrée à un processus d’horodatage qualifié, elle peut offrir une valeur probante plus élevée et répondre aux exigences de la signature électronique avancée au sens du règlement eIDAS.
Pourquoi adopter la signature électronique ?
L’essor du télétravail et de la dématérialisation des documents ont favorisé le développement des signatures électroniques en raison de leurs nombreux avantages :
- Rapidité : signature instantanée sans déplacement.
- Facilité : simplification des processus de signature et intégration facile.
- Économie : réduction des coûts d’impression et d’envoi.
- Écologie : diminution de l’usage du papier et des cartouches d’impression.
- Sécurité et Fiabilité :
- Authentification : garantie de l’identité du signataire.
- Intégrité : un document signé électroniquement ne peut être altéré.
- Infalsifiable et Irrévocable : une signature électronique qualifiée ne peut être contestée (principe de non-répudiation).

Chez ChamberSign, nous proposons des solutions de signature électronique avancée et qualifiée conformes au règlement eIDAS. Nos certificats numériques garantissent l’authenticité du signataire, l’intégrité des documents et la valeur juridique des signatures. Grâce à nos solutions sécurisées, adaptées aux exigences des entreprises et des administrations, vous pouvez signer en toute confiance des documents dématérialisés, tout en assurant leur conformité légale et leur protection contre toute altération.
