Confier ses données et ses opérations critiques à des acteurs non-européens, c’est s’exposer à des risques concrets, stratégiques, économiques et juridiques.
- Perte de contrôle juridique: Des lois comme le Cloud Act permettent aux autorités américaines d’accéder aux données stockées par des entreprises américaines, même si ces données sont hébergées en Europe. Cela pose un risque d’espionnage économique, de fuite de propriété intellectuelle et d’atteinte à la vie privée.
- Vulnérabilité systémique: Les pannes récentes de grande ampleur chez AWS (Amazon Web Services), Microsoft Azure ou Google Cloud ont démontré la fragilité de cette dépendance : des milliers d’entreprises européennes se sont retrouvées paralysées sans recours possible.
- Instabilité commerciale: Les changements de politique tarifaire ou algorithmique décidés unilatéralement par les grandes plateformes peuvent impacter brutalement les entreprises européennes, sans discussion ni régulation.
- Érosion de la compétitivité : En externalisant leurs données, les entreprises européennes financent indirectement leurs concurrents étrangers et affaiblissent l’écosystème numérique local.
- Censure et manipulation : La dépendance à des plateformes étrangères peut aussi engendrer des risques de censure ou de manipulation de l’information, particulièrement sensibles en période électorale ou de crise.
L’Europe réagit : bâtir une autonomie numérique européenne
L’Union européenne a pris conscience de cette vulnérabilité. Depuis quelques années, elle multiplie les initiatives pour reconstruire une souveraineté numérique européenne. Parmi elles :
- eIDAS 1.0 (2014): Le règlement eIDAS a posé les bases d’un cadre juridique commun pour l’identification électronique et les services de confiance (signature électronique, horodatage, etc.) au sein de l’UE.
- RGPD (2018) : Le RGPD donne aux citoyens européens un contrôle accru sur leurs données personnelles et impose des règles strictes aux entreprises qui les traitent.
- Digital Services Act (2022) : Le Digital Services Act vise à responsabiliser les grandes plateformes en matière de contenus illicites et de désinformation.
- Data Act (2023) : Le Data Act facilite l’accès et le partage des données industrielles, encourageant l’innovation et la compétitivité des entreprises européennes.
- eIDAS 2.0 (2024) : eIDAS 2.0 renforce la confiance dans les transactions numériques en harmonisant les services d’identification électronique et les services de confiance à travers l’UE.
Ces réglementations sont complémentaires et forment un cadre juridique solide pour protéger les citoyens et les entreprises européennes dans l’espace numérique.
Des projets souverains
- Gaia-X : infrastructure cloud européenne sécurisée et interopérable.
- European Digital Identity Wallet : portefeuille d’identité numérique européen.
- Soutien accru aux Autorités de Certification européennes, aux fournisseurs cloud de confiance, et aux technologies open source.
Le message est clair : l’Europe doit construire son propre socle de confiance numérique, aligné sur ses valeurs démocratiques, son droit et sa stratégie économique.